CONCOURS DE NOUVELLES PAMPELUNE 2022

 

 

 

 

PRIX PAMPELUNE 2022

RÉSULTAT DU CONCOURS 2022

 

 

Tout d'abord, félicitations à chacun des participants
de cette troisième édition du "Prix Pampelune" !
Chaque nouvelle proposée au jury mériterait d'être mise à l'honneur
dans un recueil, toutefois, comme l'exige ce concours,
il nous a fallu sélectionner 21 textes finalistes.
 
 
 
Pour vous remercier, la version Ebook du recueil 2021 des nouvelles
lauréates de l'édition précédente vous est offerte !
 
 
 
 
 
 
La nouvelle lauréate du Premier Prix est intitulée :
 
" In memoriam"
Écrite par
Christine Borie
 
 
Christine Borie remporte les 200 € du Prix Pampelune 2022.
Sa nouvelle sera publiée dans le recueil du concours.
Vous pouvez la lire ci-dessous !
 
 
 
 
 
La nouvelle lauréate du Second Prix est intitulée :
 
 
 
 
"Le ponton"
Écrite par
Anne-Laure Pilot
 
 
 
Anne-Laure Pilot remporte les 50 € du Prix Pampelune 2022.
Sa nouvelle sera publiée dans le recueil du concours.
 
 
 
 
Et voici les 19 auteurs sélectionnés pour être publiés dans le recueil !
 
 
 
 
"La fille qui sentait la vanille" d'Aurélia Lesbros

"L’arbre à papillons" de Daniel Augendre

"B.B. blues" de Julie Palomino-Guilbert

"Le tragique destin du petit comte Arbour" d'Albert Dardenne

"Avis de décès" d'Alain Parodi

"Legilimens virus" de Philippe Veyrunes

"Malentendus" de Brice Gautier

"L’origine du monde" de Violette Aufauvre

"Un dernier bord" de Laurent Gagnepain

"« L’orgueil de la maison », disait Baudelaire" d'Éléonore Sibourg

"Le ressac des mères" de Christian Xavier

"Les amours de sir Smallman" de Bertrand Ruault

"Croquembouche ; le gouteur de couleur !" d'Alain Toulmond

"Journal d’un E.T." de Ridwan Ramadan

"Elle, sans nuit" de Sylvie Breton

"Liturgie à prix cassés" de Chantal Rey

"Le prix à payer" de Caroline Lhopiteau

"L’enfer ou le paradis" de Gilbert Orsi

"Psychopathologie des anges et archanges"
de Phil Aubert de Molay
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Je félicite sincèrement chaque participant !
 
 
 
Le recueil en version papier est disponible dès à présent !
Le lien pour vous procurer le livre se trouve ci-dessous :
https://www.bod.fr/librairie/in-memoriam-christine-borie-9782322251360
 
 
 
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Le recueil sera bientôt disponible sur fnac.com, Amazon...
toutefois le plus rapide reste le site Bod.fr !
 
 
 
 
 
 
 
 
La nouvelle lauréate du Premier Prix
est à découvrir ci-dessous.

 

 

In memoriam

Christine Borie

 

 

 

                      Je ne reconnais pas cette femme allongée dans le lit. Ils disent que c’est moi. Je serais donc ce corps inerte, ce sac d’os que l’on alimente à l’aide d’une perfusion ? Serais-je donc ce squelette que l’on vient changer deux fois par jour, que l’on appelle mamie, que l’on tourne dans le lit, dont on frictionne le dos et les jambes ? Des jambes ? Je ne les vois même pas et ne veux pas les voir. Non, cela ne peut être moi.
Je me souviens de moi ; je n’étais pas ainsi.
Je me souviens. Quel paradoxe quand tout, autour de moi, me signifie que je ne pense plus, que j’ai tout oublié, que je suis inconsciente, que je ne souffre plus.
Cela fait quelque temps qu’on ne me lève plus. Mon état ne justifie plus l’accomplissement exténuant de cette tâche qui n’était que torture. Ce faisant, tous ces satellites, dont le seul centre d’intérêt est le lit dans lequel je gis, ont atténué mon calvaire. Ils tournent autour de moi, me parlent, souvent trop fort, me posent des questions dont je ne possède pas les réponses. Tout ce qu’ils veulent savoir,

c’est si mon corps a accompli sa besogne : se remplir, éliminer, et tout recommencer. Mon corps, une enveloppe, l’étui dans lequel je suis enfermée. Combien de temps encore ?

Alors c’est ça... On vit, on meurt et rien ne resterait? Aucun vestige du bonheur, aucun stigmate de la douleur. Il faut bien qu’il subsiste une trace, pour que la vie n’ait pas été stérile. Bizarre tout de même ce passage sur terre. On vit, on aime, on souffre, et puis plus rien : le néant ? Je sais ce qu’est le néant quand je suis là, gisante dans ce lit.

Mais, dans la geôle de mon corps, subsiste malgré tout un ersatz de cervelle. Dans un recoin bien caché, inconnu et surtout ignoré de tous, vit mon âme. Elle se terre dans une grotte secrète recelant mes pensées, au moins celles qui me restent, celles que j’ai gravées avec ce que j’appelais les poinçons du bonheur. Lorsque je ne peux plus supporter ce néant saturé d’inconnus, de questions sans réponses, de bruits qui me tourmentent, je me réfugie dans ma grotte. De plus en plus souvent. Du moins, je me réfugiais... Jusqu’à ce jour — mais quel jour d’ailleurs ? —, où je l’ai perdue. Était-ce hier ou aujourd’hui ?

Je l’appelle ma grotte, mais elle ressemble plutôt à une bibliothèque infinie, tapissée de rayonnages sur lesquels trônent des livres, des albums photos, des cahiers noircis de l’encre de mes plumes. Aucun son extérieur ne filtre, à part à l’heure du change. Le bruit et la douleur...

C’est dans ce lieu sacré, mais désormais inaccessible qu’est engrangée ma vie, comme une belle récolte dont je me servais les jours de disette. Ma vie, compartimentée, classée par thèmes, que je visitais à l’envi. Avant ce matin ou hier, je ne sais plus.

Chaque étagère supporte plusieurs rayonnages. Sur celui des odeurs et des goûts, j’avais placé des pots et il me suffisait d’en soulever les couvercles pour être emportée dans un tourbillon voluptueux d’émanations lénifiantes. J’ai gardé l’arôme capiteux de l’encaustique dont j’enduisais autrefois mes meubles, celle du savon que Maman achetait, et celle de son parfum, du chèvrefeuille... Curieusement, la seule odeur qu’il me restait de Papa était celle du pain perdu ; j’ouvrais le pot et Papa apparaissait, cuisinant les restes de pain rassis. Je le regardais battre les œufs, tremper les tranches de pain dans son mélange, les faire cuire avec un peu d’huile. Quand il avait ajouté le sucre, il criait à la cantonade: «Venez vite, il faut manger tant que c’est chaud ». Maintenant, je sais que c’était à la fin du mois, quand il n’y avait plus d’argent pour la nourriture. C’était bien avant les cartes et les chéquiers. Papa, Maman. Que sont-ils devenus ? Peut-être avais-je rangé tout ce qui les concernait sur les étagères supérieures, auquel cas je ne pourrai plus y accéder, même si je retrouvais ma grotte. Mais leur saveur est là, juste au premier étage.

De toutes ces odeurs, une seule me vrillait le ventre. Celle de mes bébés. Je revoyais ces petites têtes chancelantes qui se penchaient vers moi, ces frottements de nez, cette impatience, ces fouissements quand ils trouvaient mon sein. Je ressentais leur bouche aspirant mon menton, mon nez, mes joues. Je retrouvais leur peau contre la mienne et moi aspirant leur odeur à nulle autre pareille.

Pourtant qui pourrait croire, devant mon reflet reposant dans ce lit, créature grabataire, étrangère à tout ce qui l’entoure, marquée de flétrissures, décharnée, desséchée, de plus en plus aveugle et dont la bouche ne sait plus qu’émettre des gémissements, qu’elle ait un jour été jeune, qu’elle ait aimé, enfanté, allaité ?

Mais moi je sais, je me souviens... Non, je me souvenais. C’est rangé dans ma grotte... Je leur chantais L’eau vive et mes petits s’endormaient. Il y a bien longtemps que je ne les ai vus. J’en ai eu trois, c’est sûr. Je sais même leurs prénoms : Camille, Pierre et Mathilde. Mais où sont-ils maintenant ? Disparus eux aussi ? Je ne m’en souviens plus. Ils sont certainement en haut des rayonnages avec Papa et Maman. Je ne sais plus.

Ce que je sais est un non-sens : je connais l’existence de mes souvenirs et je sais où ils sont. Mais c’est tout.
Je sais que le fond de la grotte est tapissé d’étagères où s’entassent tous les livres que j’ai eu le bonheur de lire. Il n’en manque pas un. Chacun d’eux m’est précieux. Ils furent tour à tour viatiques, exutoires, échappatoires, initiateurs ou salvateurs. Ils font partie de moi, de ma pensée, de mon âme. Ils tiennent compagnie à mes cahiers. Mes cahiers ! J’ai toujours ressenti une affection particulière pour les cahiers. Tous les cahiers. Certains sont si beaux que je n’ai jamais osé y apposer ma plume de peur d’altérer leur virginité.

Je sais que dans ma grotte vivent aussi les couleurs. C’est pour elles que, jeune, j’écrivais et peignais, pour fixer à jamais sur le papier le plus petit bonheur, ces petits riens qui font une vie. Ces petits riens qu’on ne voit pas toujours, à côté desquels on passe sans ralentir, sans rien ressentir de spécial, sans gratitude. Le matin, souvent, j’attendais que le soleil se lève. L’homme n’a pas trouvé de mot pour décrire ce que je voyais, le spectacle des nuages baignés de lumière rose et mauve. On pourra peindre, photographier, écrire, jamais on n’arrivera à telle perfection. Un don de la nature. Un don rien que pour moi ces matins-là. Pour moi et pour tous ceux qui ont appris à regarder.

Tout est là, bien rangé. Il y a quelques jours seulement, je pouvais encore voir tous mes tableaux ; ils réchauffaient mon âme. Mais de toutes ces teintes, de toutes ces lumières, une seule est gravée à jamais sur le mur de ma grotte. J’étais mariée, c’est sûr. Il était mon mari, mon ami, mon amant et malgré tout cela, je n’arrive plus à saisir son visage. Il danse souvent devant moi, mais ne s’arrête pas. Je voudrais le toucher, mais il s’échappe à chaque tentative. Seuls ses yeux sont restés en moi. Ils étaient gris comme l’eau de la mer chahutée par les vagues, gris comme une perle de culture, virant parfois au vert. Des yeux d’une incommensurable beauté. Lui non plus n’est plus là.

Où sont-ils tous? Même dans la grotte je ne les ai pas retrouvés. Pourquoi sont-ils si haut ? Pauvre vieille femme, tu as tout fait à l’envers. Quelle idée de les avoir remisés ainsi ? Mais non, finalement, il était normal que je range mes premiers souvenirs sur l’étagère du bas. Au fil des ans, les rayonnages se sont peuplés, remplis de tranches de ma vie, les plus récentes désormais inattingibles. Je me servais d’une vieille échelle de bibliothèque en acajou, mais malgré mes recherches, elle est demeurée elle aussi introuvable. Alors, lorsque je me réfugiais dans ma grotte, j’évitais d’y penser, le seul fait de songer à l’inexorable anéantissement de mes souvenirs me plongeant dans un infernal tourment. Heureusement, dans un recoin, j’avais créé un havre de musique et de sons. L’air de Bach m’enivrait et le bruit de la pluie m’apaisait. Souvent, je m’y abritais quand je revenais de l’extérieur et que la sirène avait retenti.

C’est chaque fois la même terreur qui m’envahit, car ce n’est pas fini. Un jour, j’ai compris qu’ils — les gens autour de moi — me disaient que l’on était le premier mercredi du mois et que c’était normal d’entendre la sirène. Ils ne se rendent pas compte ! Moi je ne peux pas parler, juste gémir et pleurer doucement ; je sais seulement qu’il faut descendre à la cave, que les avions ne vont pas tarder à envahir le ciel, qu’il faut se cacher. Mais comment le leur dire? Alors, avant ce matin ou hier, quand j’entendais la sirène je disparaissais dans ma grotte et j’écoutais la pluie qui tombait doucement, tintant sur des gouttières imaginaires. Comment vais-je faire maintenant si j’entends la sirène ? Je ne peux plus m’enfuir.

C’est pour tout cela que je vivais dans ma grotte depuis certainement des mois voire des années. Elle est peuplée des gens que j’aime, de leur odeur, de la couleur des souvenirs. Dès que je sortais, je les perdais. Je me retrouvais comme maintenant dans ce lit, dans cette maison que je ne connais pas, entourée de personnes qui me parlent, mais que je n’écoute plus. Elles se servent d’un dialecte inconnu.

Et il y a ce vieil homme. Lui il est toujours là. C’est un homme de bien, je le lis dans ses yeux. Ils sont d’une couleur incroyablement grise. Il reste à mon chevet et je lui fais confiance même si je ne le connais pas. Peu m’importe qui il est, puisqu’il est là.

Ce matin ou hier ? Pourquoi ai-je fait ça ? Comment ai-je pu me perdre ainsi ? Les conséquences sont terribles. Je ne sais même plus quand c’était, hier, aujourd’hui, l’an dernier, tout est confus, tout se mélange. Je n’ai fait que soulever le couvercle du gros pot, à droite sur la première étagère. Celui de mes vacances chez Papy et Mamy. J’allais souvent chez eux, ils étaient en zone libre.

Et j’ai suivi Papy comme je le faisais en ce temps-là. J’avais dix ans, et chaque jour, nous partions à pied et j’essayais de cadencer mes pas au rythme des siens, lui perdu dans ses pensées, moi faisant d’immenses enjambées... Jusqu’à ce qu’apparaisse le mur. C’était un mur haut qui longeait le trottoir sur ce qui me semblait être une centaine de mètres. Peut-être n’y en avait-il que vingt. Qu’importe! Il était percé d’un portail anthracite en fer plein qui ne laissait pas passer les regards indiscrets. Plus nous approchions du portail, plus je sentais mon impatience grandir. Lorsque nous arrivions, j’écoutais le temps ralentir puis s’arrêter, comme suspendu aux gestes de Papy. Il relevait un pan de sa veste de laine et sortait de la poche de son pantalon une grosse clé, la clé du paradis. Je fermais les yeux, ne percevant que les battements sourds de mon petit cœur. J’attendais sagement, religieusement. Lorsque la clé trouvait enfin la vieille serrure et que le clac de l’ouverture résonnait, plus rien n’existait que l’attente de la seconde où Papy allait pousser le portail. Puis le grincement des gonds ouvrait mes yeux. Le jardin apparaissait, renaissant chaque fois que l’on y pénétrait. Vite je passais de l’autre côté du mur. Papy refermait le portail, et un monde merveilleux s’offrait à moi. J’occupais chaque après-midi à me promener dans les allées minutieusement tracées. Pendant que mon « Guide » jardinait, j’inspectais la mare, suivant les éphémères ou les moustiques, attendant qu’un poisson vienne happer les plus imprudents. Parfois, je voyageais avec les libellules, ou regardais vivre une fourmilière, occultant ce qui m’entourait, devenant fourmi à mon tour. Souvent, j’allais fureter dans la cabane à outils que Papy avait construite. Elle était tellement à ma taille, comme faite pour moi. Les outils y étaient rangés, sagement alignés, « une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. » Elle sentait le bois et la terre mouillée. Puis j’allais voir les arbres. Il y en avait beaucoup, mais je n’en connaissais pas les noms. Je ne voulais pas déranger Papy; alors je les nommais suivant mon inspiration du jour. Et que l’herbe était douce et fraîche en été. Invariablement, je m’allongeais et regardais les nuages, faisant naître de mon imagination des dragons, des montagnes. Parfois, j’apercevais la mer au détour d’un cirrus. Et le temps passait ainsi sans que je m’en aperçoive. À aucun moment, je ne ressentais cette impatience propre aux enfants qui les pousse à s’ennuyer très vite. Nous ne parlions pas. Pas besoin de discours. Chacun vivait un moment privilégié. C’était l’échappée belle. Mais quand la lumière du jour commençait à faiblir, je voyais Papy se diriger vers la cabane pour y ranger ses outils. Au printemps ou l’été, il ressortait avec un panier et nous récoltions des légumes pour Mamy. Très solennellement, j’allais lui cueillir quelques «fleurs du jardin ». Brutalement, douloureusement, mon cœur se serrait quand Papy ouvrait le portail pour me laisser passer. La rue m’agressait, la grisaille me sautait aux yeux et je rangeais mes rêves jusqu’au lendemain. Papy replaçait son trésor de clé dans la poche de son pantalon et nous refaisions le chemin à l’envers, chacun perdu dans ses pensées sans se retourner.

Dans ma grotte, je n’avais qu’à ouvrir le pot de Papy et Mamy pour revivre ces après-midi volés à la guerre. Mais ce matin ou hier, cette dernière fois où j’ai suivi Papy, notre échappée belle ne s’est pas déroulée ainsi. En pleine contemplation des éphémères, j’ai laissé tomber le couvercle du pot qui s’est inexorablement enfoncé dans la mare. J’ai appelé Papy, mais il n’était plus dans le jardin, j’ai cherché autour de moi, il avait disparu. J’ai erré le long du trottoir gris et me suis réveillée dans mon lit au milieu de cette pièce dans cette maison que je ne connais toujours pas. J’ai voulu, comme les autres jours, me réfugier dans ma grotte, mais n’ai pu en retrouver le chemin. Depuis, je passe des heures, certainement, à fouiller mon esprit, à chercher des indices, des repères qui me conduiraient à mon refuge. Je suis fatiguée, paniquée. Si seulement je n’avais pas échappé le couvercle du pot à souvenirs...

Je les entends qui parlent. Ils disent que c’est la fin.

Je ne veux pas de cette fin-là. Je dois retrouver mon chemin et je cours. Je cours et m’essouffle de plus en plus.
Ils disent que ce sont les râles, les derniers.
J’ai peur. Tellement peur.

Ils disent que je ne souffre pas, que je suis inconsciente.
J’ai soif d’air, mais je cours toujours malgré tout. J’ai mal et je sens mon front douloureusement plissé. Non ce n’est pas vraiment ça, ce n’est pas douloureux. C’est un souffle chaud. Une main douce et chaude le caresse tendrement. Deux autres mains enveloppent les miennes. Puis l’odeur m’encercle... Cette odeur, l’odeur de mes bébés. Du fond de mon dédale, je crois entendre un son. Mais c’est une musique, la chanson de L’eau vive...
Je n’ai plus besoin de voir, je sais que mes enfants sont là. Camille, Pierre et Mathilde. Ils ne m’ont pas quittée, jamais ! Ils sont avec leur père, mon cher amour, cet homme au regard gris qui a veillé sur moi. Mon cœur sourit. Je m’abandonne à leur chaleur, ils me protègent, ils vont me guider tout le long du chemin.

« Ma petite est comme l’eau, elle est comme l’eau vive. »

Je sens mon front qui se détend, je n’ai plus besoin d’air.

« Elle court comme un ruisseau, que les enfants poursuivent. »
Je n’ai plus qu’à me laisser guider. Doucement.
« Courez, courez, vite si vous le pouvez. »

Je m’enfonce dans l’eau comme dans un cocon.

« Jamais, jamais, vous ne la rattraperez. »

Je me laisse porter par la béatitude, car je sais où je vais.

« Lorsque chantent les pipeaux, lorsque danse l’eau vive. »

Et déjà j’aperçois la lumière, c’est l’entrée de ma grotte.

« Elle mène les troupeaux, au pays des olives. »

L’eau me mène à bon port et envahit la grotte.

« Venez, venez, mes chevreaux, mes agnelets. »

La musique s’éteint doucement et je lâche les mains de mes enfants.
Je n’ai plus besoin d’air et, grâce à eux, je vole dans ma grotte engloutie devenue hypogée.

Ils chantèrent encore, même après, assurant son voyage. Puis ils se regardèrent, se sourirent dans leurs larmes. Ils baisèrent ses mains et son front, se tournèrent vers leur père. Leurs yeux lui dirent doucement que c’était terminé. Cela faisait si longtemps qu’elle les avait quittés. Elle leur avait donné la vie, ils lui donnèrent la plus douce des morts.

 

LES PORTRAITS DES LAURÉATS DU CONCOURS 2022 :

 

 

Christine borie typo

 

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Albert dardenne typo

 

Alain parodi typo

 

Laurent gagnepain typo

 

Daniel augendre typo

 

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Les portraits manquants sont en cours de réalisation !

 

 

L'interview de la lauréate du Premier Prix :

 

 

1 - D'ordinaire, votre texte final est-il proche ou très différent de votre premier jet ?

Mon texte final est souvent très différent du premier jet car c’est en écrivant que me viennent les idées. Les mots se bousculent et en entraînent d’autres. Et, surtout, je n’en finis jamais, ce n’est jamais parfait, je change un mot ici, en mets un autre ailleurs et, très souvent, l’idée de départ est reléguée au second plan.

 

2 - Cette nouvelle a-t-elle été écrite dans le cadre d’un roman, d’un recueil de nouvelles avec un fil conducteur ou simplement l’idée vous est-elle venue de manière spontanée ?
Cette nouvelle est née comme une nécessité, à la mort de mon père. Il était atteint d’une leucoencéphalopathie et nous l’avons vu, au fil des ans, lentement mais sûrement, troquer ses habits de patriarche contre des couches de nourrisson. J’ai vu ce pilier de ma vie régresser peu à peu jusqu’à devenir tel un bébé, totalement dépendant mais surtout incapable de parler, de communiquer ses angoisses. J’ai tenté de voyager dans son esprit, de devenir lui afin de mieux le comprendre et l’aider. Et même si le corps médical nous disait qu’il ne souffrait pas et n’était pas conscient, je sais désormais qu’il n’en était rien. Sinon comment notre chant de « l’eau vive » à son chevet aurait-il pu le libérer ? La fin de la nouvelle relate fidèlement ses derniers instants. Il me fallait lui rendre hommage mais j’ai choisi une narratrice, peut-être pour mieux fusionner avec lui.

 

3 - Participez-vous souvent à des concours de nouvelles ?

Il fut un temps où je participais énormément. J’ai été parfois lauréate et c’était devenu une passion. Curieusement tout s’est arrêté avec ma retraite. Cependant depuis un an, je recommence, tout doucement. Avec mon récent succès à votre concours, j’espère retrouver cette motivation d’alors.

 

4 - Écrivez-vous un peu chaque jour ou plutôt lors de sessions d’écriture longues et intensives ?
Je n’écris plus que très rarement. J’ai eu une période de boulimie d’écriture mais, depuis quelques années, l’inspiration me fuit. Lorsque j’étais encore en activité, je rageais de ne pouvoir écrire faute de temps et j’écrivais la nuit. Désormais retraitée et ayant du temps à revendre, me voilà l’esprit en jachère. Je ne suis que paradoxe !


5 - Êtes-vous auteure à temps plein ou avez-vous un ou des autres métiers en parallèle ?
Je travaillais dans l’informatique et suis à la retraite depuis cinq ans.


6 - Lisez-vous un peu, beaucoup, à la folie, passionnément ou pas du tout ?

Pour répondre, je ne résiste pas au plaisir de vous faire lire une micro nouvelle lauréate de la revue d’harfang en février 2018, cent mots pour le dire : Évidence

« J’avais cinq ans quand tout a commencé. Ce fut d’abord un jeu puis une envie, déjà, de vivre d’utopiques ailleurs. À l’âge de quinze ans, je compris que la drogue, infiltrée irrémédiablement, devenait viscérale. Craignant de m’abîmer dans la terreur du néant d’une possible disette, j’engrangeai à outrance. Comment ai-je pu partir ce soir-là telle une écervelée, surestimant l’assortiment de mon bagage béant, rempli de superflu, sevré de mon opium. Fébrilement, j’inventoriai mes provisoires pénates désespérément vides du sel de ma vie. Comme je me consumais, la réponse jaillit m’inondant d’évidence.

Si tu ne peux pas lire, écris ! »

Vous l’aurez compris, c’est une drogue mais dont je ne veux pas être désintoxiquée.

 

7 - Avez-vous suivi des cours d’écriture, des ateliers ou des formations dans ce domaine ?
Exerçant un métier qui ne me procurait aucune satisfaction, j’avais décidé de devenir écrivain public. J’ai suivi une formation afin de m’assurer que je pouvais prétendre à cette fonction. Je suis restée écrivain public en parallèle de mon métier jusqu’à ma retraite.


8 - Vous adonnez-vous à l’écriture depuis longtemps ?

Non car je n’en avais pas le loisir. C’est un arrêt maladie d’un an en 2010 et un changement dans mes priorités qui m’ont offert un temps précieux pendant lequel j’ai écrit un roman.

 

9 - Quels sont vos futurs projets d’écriture ?
Je n’ai pas de projet. Je prends la vie comme elle me vient.


10 - Avez-vous déjà publié un recueil ou un roman ?

Oui. Mon roman a été publié suite à un concours en 2011.


11 - Pour vous, écrire relève-t-il plus du domaine de la lutte intérieure ou d’un exercice fluide et harmonieux ?

 Pour moi, écrire est magique. C’est partir, s’inventer d’autres terres, d’autres soi-même. C’est aussi jouer avec les mots, aller débusquer celui qui sera le plus juste et retranscrira très exactement le fond de ma pensée. Pour mes luttes intérieures, je m’abandonne aux maquettes et aux puzzles, vrais canalisateurs et exutoires.

 

12 - Avez-vous un site pour vos créations littéraires ? Si oui, lequel ?

Non je n’ai pas de site.

 

 

 

Passionnés d'écriture, à vos stylos !

 

La troisième édition

du Prix Pampelune est ouverte

 

 

 

 

 

Le thème est libre

La date limite d'envoi de votre nouvelle est le 22/02/2022 avant minuit

 

 

LES PRIX :

 

  •  Le lauréat du Premier prix recevra 200 €

 

  • Le Second Prix recevra 50 €

 

  • Un recueil des meilleures nouvelles sera édité en Broché et en Ebook

Il sera disponible sur différentes plateformes de vente en ligne

(Fnac, Amazon, Kobo...)

 

  • Tous les participants recevront le recueil du Prix Pampelune

de l'année précédente en format Ebook !

 

 

 

LE JURY :

 

Isabelle Giudicelli des "Ateliers Persona" (Ateliers d'écriture)

Ségolène Tortat (Rédactrice et correctrice relectrice)
 

Martin Trystram (Scénariste et dessinateur BD)

Pascale Leconte (Auteure, romancière).

 

 

 

CONDITIONS DE PARTICIPATION :

 

- Chaque candidat devra nous faire parvenir un texte inédit dans le genre de son choix, en format Word, pdf ou odt, comportant maximum 15000 caractères (espaces non compris).

- Une seule nouvelle par participant.

- Les frais d’inscription doivent être acquittés (5 €) de préférence par virement bancaire (Rib à demander par mail : panpelunee@yahoo.fr). Ou par chèque à l'ordre de "Pascale Leconte". Merci de noter votre mail afin que je puisse directement vous confirmer sa réception. À envoyer :

Adresse : Prix Pampelune. 8 Place Antonio Gaudi. 34070 Montpellier.

- Il n'y a pas de limite d'âge pour participer au concours.

- Les lauréats des éditions précédentes sont autorisés à concourir à nouveau, excepté le lauréat du premier prix. En revanche, la nouvelle proposée ne doit jamais avoir été primée lors d’un autre concours.

 

 

ENVOI DES TEXTES :

 

- Fichier numérique au format Word, pdf ou odt, comportant en objet le nom du concours "Prix Pampelune" à panpelunee@yahoo.fr

- Informations à préciser dans le mail (à envoyer à panpelunee@yahoo.fr) :

NOM, PRÉNOM, DATE DE NAISSANCE, ADRESSE,

TÉLÉPHONE, COURRIEL, TITRE DE LA NOUVELLE

Et comment avez-vous entendu parler de ce concours ?

 

Date limite d’envoi :

22/02/2022 à minuit

 

Informations importantes :

Le lauréat ou la lauréate du premier prix recevra 200 euros. Et celui du second prix recevra 50 euros par virement bancaire européen.
Les deux nouvelles primées ainsi qu'une quinzaine de textes retenus par le jury feront l’objet d’une édition papier et ebook par nos soins que les candidats pourront se procurer moyennant une participation.
L’inscription au concours vaut acceptation pour l’édition, sachant que les textes peuvent être édités sous pseudonyme.

Les candidats s’engagent à ne pas demander de droits d’auteur en cas de publication de leur texte. Il s'agit de renoncer uniquement au droit d'auteur dans le cadre du recueil des récits lauréats édités pour le "Prix Pampelune". Les candidats lauréats conservent leurs droits d'auteur sur leur nouvelle si elle est publiée ultérieurement dans un autre ouvrage. Par contre, leur nouvelle ne sera plus inédite et elle ne pourra plus être proposée à d'autres concours.

 

 

Les résultats seront donnés le 22 mars 2022 à 20h22 sur cette page.

Pour être tenu informé, il est conseillé de cliquer sur "J'aime" la page facebook du concours :

https://www.facebook.com/prixpampelune/?modal=admin_todo_tour

 

 

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Commentaires

  • Textes à la pelle

    1 Textes à la pelle Le 09/02/2022

    Bonjour,
    Nous avons partagé ce concours sur notre site internet https://textes-a-la-pelle.fr/.
    Nous vous souhaitons une bonne semaine !
    panpelunee

    panpelunee Le 10/02/2022

    Merci beaucoup ! Votre site est vraiment très pro :)

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